soutenance de thèse de Béatrice Durand
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soutenance de thèse de Béatrice Durand

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Béatrice Durand soutiendra sa thèse intitulée « La fabrication d’une architecture “durable” en France (2000-2010) ” lundi 6 février 2023 à 14h à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, bâtiment B, 1er étage, salle Bobenriether.

Cette thèse a été préparée à l’Université Paris Est Sup., dans le cadre de l’École doctorale Ville, Transports et Territoires, avec l’Institut Parisien de Recherche Architecture Urbanistique Société (laboratoire IPRAUS), sous la direction de Caroline Maniaque

Composition du jury 

  • Véronique Biau, Architecte-urbaniste en chef de l’État, HDR, École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette
  • Pierre Chabard, Maître de conférences, École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette
  • Hélène Jannière, Professeure d’histoire de l’architecture contemporaine, Université Rennes 2, rapporteure
  • Caroline Maniaque, Professeure, HDR, École nationale supérieure d’architecture de Normandie, directrice de thèse
  • Jean-Louis Violeau, Professeur, HDR, École nationale supérieure d’architecture de Nantes, rapporteur

Résumé de la thèse

Penser qu’une partie de la production bâtie relève d’un art n’a rien d’évident, ni pour les architectes en train de créer, ni pour les destinataires de leurs créations, ni à vrai dire pour toute personne un peu éloignée du monde architectural. Cette thèse prend ce manque d’évidence comme objet et le travaille à partir d’un enjeu problématique pour l’architecture, l’écologie. 

Dans les années 2000, les États ont renforcé les objectifs de leur secteur de la construction en matière d’environnement, en France comme à l’international. Portée par des politiques publiques, l’introduction de ces exigences a fortement inquiété les acteurs du monde de la construction et, en particulier, ceux du monde de l’architecture. Nouvelle contrainte ou nouvelle architecture ? Les incidences d’un cadrage plus serré de la conception architecturale ont troublé les architectes par-delà les frontières. Mais si au début des années 2000, les architectes français ne se montraient pas particulièrement intéressés par cet enjeu, en moins de dix ans, ils s’en sont emparés au point qu’il n’est plus concevable désormais pour les praticiens, étudiants, critiques ou chercheurs, ne pas s’en préoccuper.

La thèse fait l’hypothèse que la décennie 2000 constitue une période de mutation, et qu’au cours de ces années, la discipline architecturale s’est vue transformée par l’impératif écologique. Ce travail tient moins à raconter l’histoire d’une architecture devenue « durable », « écologique », « soutenable », « écoresponsable », « ecofriendly » ou « frugale » qu’à documenter et analyser un passage : comprendre comment l’idée d’une prise en compte de considérations environnementales s’est muée en évidence dans un milieu qui y était rétif, et comment l’architecture est parvenue, à la fin du processus, à se faire encore valoir comme art.

Cette recherche doctorale part de deux préalables : premièrement, elle considère l’architecture comme une qualité non définie d’avance, mais fabriquée et renouvelée en permanence par les architectes ; deuxièmement, elle envisage l’irruption des préoccupations écologiques comme un terrain interrogeant l’architecture. Ainsi, notre enquête tente de restituer une dynamique passée, ou plus précisément, de suivre la fabrication lente, progressive, d’arguments, de discours, de représentations autour de deux scènes. Une première partie cherche à identifier « par où l’écologie vient à l’architecture » au début des années 2000, en dépliant la controverse née de l’introduction de la « HQE » dans le secteur de la construction, laquelle a cristallisé la contestation des architectes français et forcé chacun et chacune à se positionner. La seconde partie s’intéresse à « l’écologie devenue architecture » à travers l’analyse d’une cinquantaine d’ouvrages présentant des mises en perspectives historiques, publiés sur une vingtaine d’années, donnant à voir l’arrivée d’un questionnement que la communauté architecturale n’attendait pas forcément.