

« L’horizon commun : explorer les potentiels de la sobriété foncière » / Patrick Henry, dixit.net, octobre 2025, 48 p.
L’objectif Zéro Artificialisation Nette cristallise tellement de tensions et de questions pratiques (Que compter ? Comment partager l’effort ?) que nous en oublions parfois que l’enjeu n’est pas dans le tableau Excel. Il est sous nos pieds. Ce sont les sols, invisibles et silencieux, qu’il nous faut préserver grâce à la sobriété foncière. L’entrée des sols dans la pratique de l’urbanisme est heureusement de plus en plus nette. Longtemps réduits à une surface plane dénommée « foncier », les sols sont maintenant compris comme une ressource finie et une infrastructure vivante soutenant de multiples fonctions pour nos écosystèmes. La sémantique change, mais ce sont surtout les pratiques des professionnels et notre culture commune qui sont révolutionnées. Et cette révolution ne se cantonne pas au monde de l’urbanisme, puisque (a)ménager en prenant soin des sols modifie la forme de nos villes. Nous devons donc trouver un nouvel horizon commun, pas seulement entre les sols et les urbanistes, mais avec tous les êtres vivants qui interagissent dessous, dessus et entre les deux. C’est tout l’objet du dernier P’tit Papier de Patrick Henry qui vient de paraitre.
Patrick Henry entend prolonger la réflexion entamée pour la conception de cette exposition et dépasser le sujet du ZAN. Parce que la vraie révolution n’est pas d’atteindre un objectif réglementaire, mais de redéfinir les objets, les méthodes, l’éthique même de l’urbanisme. La sobriété foncière n’est qu’un merveilleux prétexte pour repenser la discipline. Reprenant la trame de l’exposition, il la prolonge par une définition de « l’inter-urbanisme ». Il plaide pour que cette discipline, jusque là profondément enracinée dans la croissance et l’étalement urbain, devienne « une culture de l’attention et du soin ainsi qu’un engagement socio-écologique et politique fort pour les années à venir ». Résolument positif, l’inter-urbanisme est un urbanisme qui fait à plusieurs en prenant acte de nos interdépendances, et qui fait dans les intervalles, les failles et les marges du système actuel. Patrick Henry apporte un soin particulier aux méthodes et processus d’élaboration de projets urbains, une des clefs indispensables pour faire mieux. Loin d’être un guide définitif, ce petit ouvrage ouvre la discussion sur les multiples réinventions d’un urbanisme qui s’essouffle afin d’infléchir la trajectoire de nos territoires tant qu’il est encore temps.
Patrick Henry est architecte et urbaniste et enseignant-chercheur à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville où il dirige la spécialisation en urbanisme (DSA Architecture et Projet urbain). Il est co-directeur de l’unité de recherche Ipraus.
Ses thèmes de recherches au sein de l’Ipraus concernent les processus de conception, de production et de diffusion de l’architecture des territoires, les conditions du projet architectural, urbain et paysager, ainsi que l’histoire et les mutations des environnements bâtis et des paysages contemporains en lisière des métropoles. Il publie régulièrement articles et ouvrages sur les questions urbaines. Ses travaux l’ont conduit à s’intéresser aux sols et à leur devenir. Il publie en janvier 2023, Des tracés aux traces. Pour un urbanisme des sols, aux éditions Apogée. Dans cet ouvrage, il formule de nouvelles hypothèses à partir des potentiels des sols, pour un aménagement économe et respectueux des environnements.
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