mise en tourisme et colonisation en Méditerranée
Sous la direction de Malik Chebahi, Silvana Editoriale, avril 2025, 184 p., ISBN 9788836657599
Le tourisme, souvent décrit comme le « stade ultime du colonialisme », a profondément influencé les territoires et les imaginaires des anciens empires européens. Si le phénomène a été largement étudié par les géographes, sociologues et historiens, le regard porté par les chercheurs en architecture, quoique ponctuellement présent, n’avait encore jamais fait l’objet d’une exploration collective. Cet ouvrage marque une première en réunissant principalement des contributions d’architectes-historiens, chercheurs actifs au sein des écoles d’architecture. En mobilisant les outils analytiques et méthodologiques propres à leur discipline, ces auteurs proposent une lecture originale et essentielle, enrichissant de manière significative les tourism studies.
Ce volume présente des analyses visuelles, spatiales et matérielles qui dévoilent les mécanismes complexes du tourisme colonial et postcolonial. Il s’organise autour de deux axes : les récits touristiques liés au patrimoine architectural du Maghreb colonisé et la mise en tourisme de la région après les indépendances. En abordant ces thèmes, l’ouvrage met en lumière les négociations culturelles et identitaires continues qui ont marqué les échanges méditerranéens.
L’ouvrage dépasse le cadre du Maghreb et des circulations méditerranéennes, en s’aventurant également vers l’Afrique de l’Ouest. Ces incursions permettent d’élargir le panorama et d’offrir une lecture plus nuancée des dynamiques transversales du tourisme colonial. Des récits construits pour affirmer la domination impériale aux infrastructures modernistes emblématiques de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie postcoloniale, chaque contribution illustre la manière dont le tourisme a participé à la fabrication des territoires et des identités.
Ce livre, loin de prétendre à l’exhaustivité, invite à se pencher en profondeur sur les architectures et les cultures de l’aménagement du tourisme, entre « situation coloniale » et réinventions postcoloniales, pour mieux cerner les dynamiques de pouvoir, les processus de transformation et les enjeux territoriaux qui ont façonné les paysages de la Méditerranée.