parcours d'anciens élèves

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Voici quelques témoignages d’anciens élèves expliquant leur parcours à la sortie de l’Énsa-PB.

Clara LeTourneux, titulaire de l’HMONP, promotion 2022 et du DEA, promotion 2021, salariée de l’agence Joseph Dirand architecture

J’ai effectué mon cursus de 2e cycle conduisant au diplôme d’État d’architecte et ma HMONP au sein de l’énsa-pb. Mon travail de PFE était sur un projet de chai viticole dans l’atelier Exploring the in-between ou slow train home avec L. Burriel-Bielza, N. Dominguez-Truchot, P. Gresham. Suite à mes études, j’ai intégré l’agence Hardel LeBihan. J’y suis restée un peu moins de deux ans. Durant ce passage, j’ai travaillé sur deux concours, le premier pour un immeuble de bureaux en région parisienne et le second pour une opération mixte de bureaux et logements à Toulouse. J’ai surtout travaillé plusieurs mois sur une réhabilitation hôtelière dans le sud de la France.

suite du témoignage

Pendant cette période, j’ai effectué ma HMONP à l’ensa-pb sous la supervision de Noël Dominguez-Truchot. Mon mémoire portait sur l’utilisation de la technologie au profit des préoccupations environnementales dans l’architecture.

Après 18 mois chez Hardel LeBihan où j’ai beaucoup appris et où j’ai été plongée dans le monde professionnel et initiée aux responsabilités qui en découlent, j’ai commencé un nouvel emploi chez Barrault Pressacco, une agence entre autres reconnue pour ses recherches poussées sur les matériaux biosourcés et leur utilisation en architecture et en design. J’ai œuvré sur un concours à Bruxelles, un projet de réhabilitation d’un ancien immeuble de bureaux en logements et sur une école primaire en brique.

Cette seconde expérience m’a permis de voir une autre échelle d’agence et de projets et d’acquérir de nouvelles connaissances aux côtés de gens talentueux.

Après mûre réflexion au sujet de ma pratique, de mes envies et de mes appétences professionnelles et personnelles, j’ai décidé de changer d’échelle pour travailler en architecture d’intérieur et en design. J’ai longtemps été interpellée par cette branche de la profession qui rejoint beaucoup de mes intérêts.

Je suis actuellement dans l’agence d’architecture Joseph Dirand (qui est d’ailleurs aussi un ancien de Belleville) chez qui je travaille sur un projet d’architecture intérieure.

J’ai la chance de participer à des projets à l’échelle du mobilier comme de l’architecture qui sont d’une remarquable qualité, autant conceptuelle que d’exécution, et où la créativité et l’imagination sont constamment stimulées.

Chaque étape de mon parcours a été unique et m’a menée là où je suis aujourd’hui, dans un environnement qui me correspond et où je peux mettre à profit tout ce que j’ai appris et ce à quoi j’ai été confrontée dans ces précédentes expériences.

Arthur Poiret, architecte-urbaniste, chef de projet pôle construction collective à l’atelier Georges

J’ai suivi la formation dispensée dans le cadre du DSA Architecture et Projet Urbain de l’Énsa de Paris-Belleville en 2014 à la suite de mon PFE. Ces trois semestres d’études m’ont permis de confirmer une certaine appétence pour l’échelle urbaine et d’acquérir un socle de connaissances théoriques indispensable à la pratique du projet urbain en agence. Le DSA a été pour moi un véritable tremplin vers l’emploi, j’ai pu intégrer l’équipe de Obras Architectes au terme de la mise en situation professionnelle qui vient conclure le troisième semestre de la formation et l’équipe pédagogique de l’atelier Métropole d’Asie Pacifique du DSA l’année suivante.

Antoine Pélissier, architecte DPLG, promotion juin 2003, associé gérant de AGAPE ARCHITECTES et APAW

Après une première année très éprouvante et très exigeante j’ai choisi le cursus UNO en seconde année, j’ai eu la chance de suivre les studios d’Henri Ciriani, d’Édith Girard, et de Laurent Salomon entre autre, jusqu’en 4ème année. J’ai fait un ERASMUS à Venise à l’IUAV avec Bernardo Secchi en urbanisme, Marco de Michelis en histoire de l’architecture, et Franco Purini en studio pour la cinquième année. De retour à Belleville j’ai fait mon TPFE sur un projet d’école avec Laurent Salomon et Alain Dervieux.

suite du témoignage

J’ai obtenu mon diplôme en 2003 et après quelques années en agence j’exerce depuis 2008 au sein de ma propre agence d’architecture que j’ai nommé AGAPE ARCHITECTES. En 2012 je fusionne ma société avec l’agence de Benoit Andrier et nous nous associons à 50/50. En 2018 je créé APAW une nouvelle SARL d’architecture pour réaliser mes projets.

Ma formation m’a apporté rigueur et persévérance. L’exigence de la première année a été bénéfique pour la suite. Les années suivantes furent plus calmes mais riches en découvertes de la spatialité « moderne », nous avons pu véritablement expérimenter et mettre en pratique une grammaire de projet. L’année vénitienne a été déterminante car je me suis ouvert à un autre type d’enseignement et j’ai pu vivre à Venise, la comprendre et la parcourir comme outil de projet et aussi de profiter de sa richesse culturelle.

Ma formation m’a permis tout d’abord d’être passionné par l’architecture, par le projet et de savoir le proposer, le défendre, le construire. Ces études m’ont aussi fait découvrir comment la littérature, la poésie, l’histoire de l’art et de l’architecture, le dessin, la philosophie, les sciences humaines et techniques peuvent nourrir ma réflexion d’architecte.

Soraya Dalila Sebbar, architecte DPLG Urbaniste, promotion 1990

J’ai suivi l’ensemble de mon cursus à Paris Belleville, rue de Rebeval. L’enseignement proposé s’organisait autour de deux courants les Modernes et les Classiques, cela créait une dynamique et des débats passionnés. Mon travail de fin d’études, concernait l’aménagement d’un port de plaisance dans les marais salants de l’Ile de Ré.

suite du témoignage

Préférant le travail en équipe, les projets d’envergures et les programmes variés, j’ai privilégié le travail salarié. J’ai exercé au sein de différentes agences parisiennes tout en réalisant des projets personnels (mobiliers, aménagements intérieurs, scénographies). En 2002, j’étais responsable travaux pour l’enseigne KOOKAI au sein du groupe Vivarte. De 2003 à 2006, je gérais au sein de l’agence Dottelonde la réalisation du siège de la CCI du Havre (prix AMO). De 2007 à 2017, j’ai exercé comme architecte urbaniste au sein de l’agence Bécard MAP (PRU de Clichy Montfermeil).

Au sein du studio de Bernard Paurd et du groupe UNO, j’ai appris à mettre en place une méthodologie adaptée à chaque projet et des connaissances solides sur le logement, cela m’a beaucoup aidé au début de ma vie professionnelle.
Le réseau des anciens étudiants, est resté un soutien chaleureux dans les moments difficiles.

Actuellement, je suis AMO chez un bailleur social (I3F), analyser des désordres et proposer des solutions est devenu mon quotidien. A terme, j’aimerais contribuer à la mise en place d’un nouveau paysage urbain, composé de trame verte, de trame bleue généreuses et qualitatives…

Christophe Bailleux, architecte, promotion 1993, président de la SAS ABA3

Sur les conseils d’un de mes enseignants, je suis reparti en province, d’où je venais. Ainsi en démarrant de rien ou presque (un an dans un cabinet parisien pour la conception d’un siège d’entreprise et un an de chantier à la fin de mes études pour la réalisation de 220 logements). J’ai travaillé un an de plus dans une agence au Mans sur deux concours de logements sociaux et me suis installé tout seul.
J’ai eu jusqu’à 17 collaborateurs dont 2 associés et viens d’ouvrir un deuxième cabinet à Paris dans le 14ème arrondissement (agence du Mans ouverte depuis 1994).
Mes réalisations sont visibles sur mon site www.ateliers-bailleux.fr.
L’école m’a apporté un fort bagage théorique et une méthode conceptuelle que j’avais développé à l’occasion de mon diplôme sur la perception de l’espace par les aveugles et que j’utilise encore aujourd’hui.

Bertrand Ramond, architecte DPLG, promotion 1987, gérant de la SARL ART Architetcure basée à Perpignan

Diplômé de 3ème cycle de l’Institut d’Urbanisme de Paris en juin 1990, mention : composition urbaine. Architecte DPLG, inscrit au CNOA sous le n° 34 717 depuis le 16 novembre 1988. Diplôme de 3ème cycle de l’Institut d’Urbanisme de Paris en juin 1990, mention : composition urbaine.

Les enseignants-architectes que j’ai croisés à UP8 : Serge Santelli (3° année) – Ahmet Gülgonen et Willy Serneels (4ème année), Marie Christine Gangneux (5ème année) m’ont appris la rigueur de l’approche qui doit être celle d’un architecte face au contexte du projet qu’il met en œuvre. L’analyse, la compréhension de ce qui précède le projet et des effets qui en découlent le fondent. Le travail de l’architecte est non seulement la conception de la 3ème dimension, la maîtrise de la lumière, des matériaux mais aussi le soin apporté à leur détail lors de la réalisation du projet en vue du bien-être. Les enseignants m’ont aussi transmis la nécessité de lire et d’aller à la rencontre des problématiques que nos illustres aînés ont eu à traiter et qui sont toujours les nôtres aujourd’hui. Richesse et diversité des vocabulaires employés traduisent ensuite l’expression d’une sensibilité propre à chacun mais née d’approches raisonnées. 

suite du témoignage

UP8 représente à cet égard l’école de l’excellence par les outils et les méthodes qu’elle propose qui prolongent et honorent les réflexions de Louis Kahn, d’Adolf Loos, d’Aldo Rossi, de Mies mais aussi celles de Boullée ou Palladio. Relire Siza, rencontrer et s’émouvoir devant les œuvres d’Asplund, de Maki ou Plecnik ne revient-il pas à échapper au dogmatisme de la facilité ?

J’aimerais citer R.H. Guerrand, Ginette Baty-Tornikian, Claude Bohain dont les univers a priori éloignés n’en étaient pas moins reliés par les fils invisibles d’une intelligence convergeant vers un savoir au service du Projet et du métier. La formation de l’Architecte consiste à préparer un généraliste ouvert à la société, en capacité et en responsabilité à défendre l’Intérêt Public alors même que rien n’est entrepris pour que ses bénéficiaires n’y soient éveillés : la Loi de 77 reste inconnue du grand public.

De cet apprentissage méthodique il m’en est toujours resté le besoin de se frotter à ce qui existe. L’apport de Jacques Frédet m’a d’ailleurs beaucoup appris et finalement forgé le caractère face à l’inertie à exercer. Ce n’est pas un hasard si l’agence travaille très majoritairement en marchés publics, principalement en réhabilitation et sur le patrimoine. Nous avons aussi plaisir à relever des édifices, à les dessiner, à les restaurer, les adapter et à comprendre comment ils ont été réalisés si ce n’est conçus. Ce travail de la modestie est aussi celui de la responsabilité à se glisser dans les pas d’autrui, à se confronter à l’histoire, bref à produire en se hissant sur les épaules de ceux qui nous ont précédés pour mieux imaginer et assurer l’avenir.

Yasmine Mahieddine Meghraoui, architecte HMONP, promotion 2014, chargée de projet “square Architecte – Monaco”

J’ai obtenu le diplôme d’architecte DE-HMONP à l’Énsa de Paris-Belleville. En parallèle, j’ai poursuivi le parcours d’ingénieur en calcul de structures au CNAM que je suis sur le point de finaliser.
J’exerce aujourd’hui le métier de chargé de projet dans une agence d’architecture à Monaco. Je m’occupe de projets de logements et d’équipements publics de la conception à la réalisation.
La qualité de la formation théorique dispensée à l’Énsa-PB m’a permis de toujours mettre en avant les qualités spatiales, fonctionnelles et matérielles des espaces malgré les contraintes budgétaires et réglementaires de la réalité du métier. La formation d’ingénieur m’a, quant à elle, permis d’ancrer le projet dans une réalité constructive et d’anticiper les questions structurelles dès les prémices de la conception.

Christian Bosredon, architecte DPLG, promotion 1974, exerce en libéral à Bourges

J’ai obtenu mon diplôme en 2003 et après quelques années en agence j’exerce depuis 2008 au sein de ma propre agence d’architecture que j’ai nommé AGAPE ARCHITECTES. En 2012 je fusionne ma société avec l’agence de Benoit Andrier et nous nous associons à 50/50. En 2018 je créé APAW une nouvelle SARL d’architecture pour réaliser mes projets.

suite du témoignage

Intégrant l’Unité Pédagogique N°8 en septembre 1969 logée dans les « Frigo » des Halles de Paris, j’expérimente dans cet espace vivant, sans le savoir, ce qui forge sous l’égide de Bernard Huet le nouvel enseignement de l’architecture en devenir: l’histoire, la ville, le champ social, la construction, la qualification des lieux et leur combinaison, l’espace architectural.
Dès le diplôme passé en 1974 (Rénovation de l’îlot 11 dans le XXème arrondissement), je participe aux Concours d’architecture nationaux ouverts à tous à cette époque : Place Napoléon à La Roche sur Yon, Abattoirs de la Villette, Vieille forme et gare à Rochefort sur Mer, Immeubles de ville » à Cergy Puiseux.
Puis en 1980 : exercice libéral à Bourges et installation de l’Atelier BOSREDON PIETU
Les années d’études à UP8 me permettent, avec mon associé Martine Pietu (UP8 1977), de confronter mes connaissances fondamentales acquises lors des études à la pratique du métier d’architecte.
Tout d’abord, dévolu à la commande privée (maisons individuelles, tertiaire), grâce à sa connaissance de la pratique du projet et sa représentation graphique, l’atelier profite de la nouvelle politique des Concours d’architecture pour inscrire sa production dans le champ de la commande publique, principalement logements sociaux et équipements scolaires et de loisirs.
Ainsi voient le jour la construction-restructuration de lycées, collèges et établissements du 1er degré dans le Cher et le Loiret, la construction d’équipements de santé, de loisirs et culturels (EHPAD, salle de spectacle, musée, bibliothèque), la construction et la réhabilitation de logements sociaux initiée par la procédure «Banlieue 89»
Très tôt impliqué dans la construction bois, l’atelier réalise le CREPS de la Région Centre à Bourges (jp Prin/ Calvi ing bois), le lycée agricole de Bourges au Subdray (jp Prin/ Calvi ing bois), un vélodrome à Bourges (jp Prin/ Vigier ing bois) ainsi que la construction d’un immeuble de «21 logements Passivhaus» à Saint Doulchard.
Parallèlement de l’exercice libéral de l’architecture, j’assure des missions d’expertise judiciaire.

2015 : l’atelier BOSREDON PIETU Architectes est repris par Vanessa Limousin et Thierry Guittot

Jean-Christophe Denise, architecte DPLG, promotion 1994, exerce en libéral

Arrivé en 3ème année à UP8, en 1984 j’y découvre un enseignement théorique rigoureux et une pratique du projet exigeante. Déjà engagé dans une activité professionnelle durant mes études j’ai pu confronter efficacement la théorie et la pratique au cours de mon cursus, à l’issue duquel j’ai obtenu le DPLG en 1994.

suite du témoignage

J’exerce à titre libéral depuis toujours mais dans ce cadre j’ai pratiqué à peu près toute la gamme des possibilités qu’offre la formation d’architecte: dessinateur d’agence, pilote de chantier, architecte d’exécution pour d’autres agences, concepteur en mon nom pour des agencements intérieurs, des réhabilitations, des interventions dans des monuments historiques, programmiste ou assistant à maître d’ouvrage, mais aussi scénographe pour des constructions éphémères ou événementielles, ou assistant pour la réalisation d’œuvres d’art dans l’espace public qui répondent à des contraintes très différentes, ainsi que des aménagements paysagers. En tant que participant à des jurys de HMONP à l’Énsa-PB, j’ai pu constater que l’enseignement s’est largement renforcé sur les outils pratiques nécessaire à la profession, qui n’existaient pratiquement pas à mon époque. C’est un métier en constante évolution et pour lequel l’origine sociale joue un rôle non négligeable, non pas au cours des études pendant lesquelles cette question a heureusement moins d’importance, mais plus tard, dans l’exercice de la profession. Cependant il est possible de l’exercer, avec succès, sans être nécessairement issu d’un milieu social ou culturel privilégié.

Caroline Pirotais, architecte DE, promotion 2017, HMONP 2018 , promotion 2010, assistante de projet

Si mon parcours étudiant fut plutôt académique, il fut également engagé : vice-présidente de l’association étudiante, élue au conseil d’administration puis co-création d’Alumni paris-belleville -l’association des anciens diplômés de l’école-. Je retiens de mes années bellevilloises une attention forte portée à la théorie architecturale et à quelques grands noms (Mies, Khan, Lewerentz, Aalto…), ainsi que l’importance des outils de représentation manuels (dessin et maquette). Ces outils me permettent aujourd’hui de réifier mes pensées en projet architectural communicable, avec acuité et bon sens.

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En 2017, fraichement diplômée d’État, je rejoins l’agence masKarade à Montreuil (93), avec qui j’acquière rapidement quelques ficelles du métier en suivant de A à Z des projets à petite échelle (réhabilitation, extension d’habitat individuel). Cette expérience fut un excellent support de réflexion durant mon année d’HMONP. Depuis janvier 2019, je travaille à la réalisation de projets de plus grande envergure (équipements publics et logements collectifs) en tant qu’assistante de projet dans l’équipe de Jean-Philippe Thomas (51).
Dans ces deux cas, j’ai fait le choix de travailler aux côtés d’architectes dont l’architecture n’est pas générique mais fonction des contextes, attentive à l’environnement, réfléchie depuis son mode de représentation jusqu’à son exécution. Je poursuis également une activité personnelle -et avec des amis architectes- sur de petits projets et concours afin d’expérimenter et d’affûter mes propres outils.

Antonio Lazo et Edouard Mure : Parcours commun

Nés en 1962, à quelques jours d‘intervalle mais sur deux continents différents, c’est en 1986 que débutera notre amitié, sur les bancs de l’école d’architecture, autour d’un match de football de coupe du monde symbolique : France – Brésil. Antonio LAZO est né et a grandi au Chili. Très jeune, il est fasciné par l’architecture de la maison d’un ami, fils d’un couple d’architectes, chez qui il partage de longues journées dans un univers aux accents Wrightiens qui restera à jamais gravée dans sa mémoire. Édouard MURE a, quant à lui, grandi dans l’ombre de la figure emblématique d’un grand père ingénieur qui avait participé au développement du béton précontraint aux côtés d’Eugène Fressinet. Un voyage à Vicence, alors qu’il était jeune adolescent, lui révèle l’architecture en découvrant, fasciné, les villas de Palladio.

suite du témoignage

C’est au début des années 80 que nous sommes rentrés à l’école d’architecture de la rue Rébéval, dans le 19éme arrondissement de Paris. L’école s’appelait UP8 à cette époque. Trente ans plus tard, le souvenir de ces années restées gravées dans nos mémoires est d’une incroyable richesse. À UP8 coexistaient deux tendances qui revendiquaient chacune une posture différente de la modernité.

D’un côté, sous la houlette de Bernard Huet (le fondateur de l’école, mais aussi Grand Prix de la critique architecturale en 1983 et d’urbanisme en 1993) étaient rassemblés les enseignants architectes tels que David Bigelman, Marc Breitman et Jacques Fredet, entre autres. Ils nous sensibilisaient et nous aidaient à acquérir une solide culture non seulement constructive mais aussi historique, afin de nous permettre de dessiner en toute conscience une architecture qui puisse dialogue avec notre histoire mais aussi avec notre milieu.

L’autre tendance prônait une modernité plus radicale, sous la tutelle du très charismatique Henri Ciriani (Grand Prix national et Équerre d’argent en 1983) et du groupe UNO, dans les rangs duquel enseignaient également Edith Girard, Claude Vié mais aussi Jean-Patrick Fortin. Ensemble, ils avaient mis en place un enseignement à partir des acquis du mouvement moderne et de l’œuvre de Le Corbusier, grâce à une série d’exercices structurés sur quatre années, de manière extrêmement didactique. Certains de ces exercices tels que celui sur l’image, le « 30/30 » ou encore « la pièce urbaine », restent ancrés dans la mémoire de bon nombre d’entre nous qui faisions partie l’Atelier UNO.
L’engouement qui régnait à l’école et bien au-delà de celle-ci, autour de cette pédagogie extrêmement rigoureuse faisait dire à certains qu’il était question ici d’un nouvel académisme inquiétant.

Ces deux tendances s’affrontaient et se déchiraient sur les prises de positions de leurs enseignants respectifs mais aussi de leurs étudiants dont chacun se vantait d’appartenir à telle ou telle tendance, attaquant les idéaux de l’autre dans des débats interminables, jusque tard le soir dans les cafés de la rue Rébéval.
Mais cette situation parfois conflictuelle s’accompagnait aussi d’une émulation féconde qui obligeait chacun d’entre nous à se référencer, à justifier les positions qui allaient marquer nos avenirs professionnels.

Au-delà de ces deux « chapelles » nous ne voulons pas oublier non plus d’autres enseignants singuliers, aux fortes personnalités et aux savoirs encyclopédiques, que comptait cette école d’UP8, et qui, eux aussi, ont su nous offrir un enseignement, une culture du projet et une ouverture d’esprit : Jacques Lucan, qui disséquait semaine après semaine chaque bâtiment icône de l’histoire de l’architecture moderne ; Roger-Henri Guerrand, historien extravagant et spécialiste de l’histoire du logement social en Europe, qui savait nous faire hurler de rire au travers de ses anecdotes ; sans oublier Ginette Baty-Tornikian pour son ouverture d’esprit à propos de sciences sociales ; et puis Philippe Duboy pour nous avoir fait découvrir entre autre Walter Benjamin et Jean-Jacques Lequeu.

Enfin, il y avait aussi les séances de dessin avec Carlos Caceres, qui avec rigueur et sensibilité auprès de chacun d’entre nous cherchait à transmettre un vocabulaire plastique révélant les données d’une pédagogie du travail de l’espace.
Ainsi, ces années ne nous ont pas nous seulement marqués (nous, les anciens de UNO), elles nous ont également structurés autour d’une certitude : l’acte de construire est un acte grave, il n’est pas une divagation artistique, il doit être une idée construite au service des hommes et de leur environnement.

En 1989, une heureuse conjoncture nous permet d’accéder (nous, Antonio et Édouard) à notre première commande alors que nous sommes encore étudiants. Il s’agit d’une maison de ville à Paris qui nous aidera à appréhender la réalité de notre métier. Ce que nous dessinions prenait corps devant nos yeux à l’échelle 1 et cela nous émerveillait. Cette maison (maison Helwaser), largement publiée dans la presse spécialisée, sera récompensée par quelques prix.
Suivre le même apprentissage, partager les mêmes convictions, affronter ensemble les aléas d’une première commande soudent notre entente. Un double regard dans une conception commune plutôt qu’une répartition raisonnée des rôles, nous permet encore aujourd’hui d’entretenir cette dynamique que nous avions précocement expérimentée et qui enrichit notre travail. Toute divergence induit un dialogue rationnel – qui refuse l’élucubration artistique. Convaincre l’autre permet d’affiner ses idées et prédispose à clarifier les objectifs.

En 1992, nous passons en tandem notre diplôme de fin d’études, sous la direction d’Édith Girard et d’Henri Ciriani, qui avaient guidé notre formation dans l’Atelier UNO. Nous créons alors notre propre agence et sommes rapidement lauréats d’un premier concours : une Médiathèque à Villers-Cotterêts (1994). Suivront d’autres succès tels que le Centre culturel de Belle-Ile-en-Mer ou encore un Centre de Soins Psychiatriques à Aubervilliers.

Aujourd’hui, l’agence compte plus d’une dizaine d’architectes qui travaillent sur des projets aux échelles, situations et programmes variés. S’agissant de constructions neuves ou de réhabilitations, d’équipements culturels, scolaires ou de santé, notre expérience et notre savoir-faire visant à proposer le parti architectural et technique le plus cohérent et le plus pérenne. Bien entendu, les performances environnementales et énergétiques sont, au même titre que la qualité spatiale et le choix des matériaux, au centre de notre préoccupation de concepteurs.
Ce qui nous a été donné et que nous cultivons, ce sont le rôle déterminant de la lumière naturelle comme matériau privilégié de l’architecture, le repérage et le déplacement dans l’espace, ainsi que la relation entre intérieur et extérieur. Nous recherchons une architecture aux lignes épurées et dont la volumétrie expressive se veut à la fois élégante et dépourvue d’ornementation, l’ensemble cherchant non seulement à donner du sens mais aussi à révéler un site et son histoire.