La ségrégation socio-spatiale liée à la production d’habitat social en Amérique Latine

La ségrégation socio-spatiale liée à la production d’habitat social en Amérique Latine

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Enseignant(s) : André Lortie
Étudiant(s) : Karina Andrea Guaman Flores

Mémoire de fin d’études
Le cas de la production d’habitat incrémental du studio Elemental dans la ville de Santiago au Chili

En 2016, l’attribution du prix Pritzker (parfois qualifié de Nobel de l’architecture) à l’architecte chilien Alejandro Aravena, du studio Elemental, mettait en lumière le caractère singulier de l’habitat dit « incrémental », imaginé pour répondre à la délicate équation économique de la production du logement social. Cette médiatisation portait à l’attention du public la qualité architecturale de ces logements populaires, en masquant toutefois les phénomènes de ségrégation qui les caractérisent.

Or, les villes latino-américaines sont, historiquement, des espaces de forte ségrégation. En quoi consistent ces phénomènes de discrimination sociale et qu’est-ce qui alimente la dynamique particulière de la ségrégation résidentielle ? Ces interrogations générales sont essentielles afin d’identifier l’origine de la ségrégation socio-spatiale de l’aire urbaine de la métropole de Santiago et de mieux comprendre la genèse de notre cas d’étude : l’habitat incrémental de Elemental : une architecture répétitive de « demi-maisons » que leurs acquéreurs peuvent agrandir en auto-construisant des pièces supplémentaires.

La thèse développée ici est que l’habitat social incrémental participe de la dynamique de ségrégation à travers trois dimensions particulières, qui sont inter-reliées et peuvent être repérées à diverses échelles, de la métropole, des quartiers et des immeubles. La première est la dimension socio-économique, qui détermine l’ensemble des mécanismes de production actuels de l’habitat social. La deuxième dimension, métropolitaine et locale, est liée aux rapports qu’entretient cet habitat avec les principales fonctions urbaines (mobilité, aménités, centralité notamment). Enfin, c’est la dimension architecturale et d’architecture urbaine qui est questionnée, à travers notamment l’analyse typo-morphologique de l’habitat à l’échelle des quartiers auxquels il appartient et à celle des édifices.

En conclusion, il ressort que les conditions socio-économiques de production du logement populaire dans une métropole comme Santiago sont déterminantes de la localisation et de la concentration massive de ces habitats qui, dès lors qu’ils sont « augmentés » par les auto-constructions de leurs habitants, entrent dans un cycle de stigmatisation et de dévalorisation. Et se pose alors la question de la contribution à ce phénomène d’une conception architecturale jugée par ailleurs exemplaire…